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Geologia e Geoturismo in Valle d'Aosta

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Le plus haut bas-fourneau de Suisse ?

11 Novembre 2018
01. Des cailloux de quartz bien arrondis sont parsemés dans ce conglomérat au ciment feuilleté.

01. Des cailloux de quartz bien arrondis sont parsemés dans ce conglomérat au ciment feuilleté.

En tout cas, c’est Ă  partir de l’Italie qu’il vaut mieux aborder la montĂ©e pour s’y rendre. Sur la route qui relie Aoste au Col du Grand Saint-Bernard, Ă  2350 m en contrebas du col, un parking en terre battue introduit Ă  gauche Ă  l’alpage du Baou. LĂ  plusieurs chemins se dirigent vers la crĂȘte frontiĂšre : choisir celui le plus Ă  droite qui mĂšne Ă  la FenĂȘtre d’en Haut ou Col de Fonteinte (2725 m). Le dĂ©nivelĂ© est donc de moins de 400 m, guĂšre plus pour la TĂȘte de Fonteinte (2775 m).

Des roches de la Pangée

Sur ces prairies d’altitude, entre cordons morainiques et anciens glissements enherbĂ©s, la marche est tranquille, agrĂ©mentĂ©e en automne d’excellentes myrtilles.

Une petite surprise intervient vers 2500 m quand on traverse un replat Ă  gros blocs Ă©boulĂ©s peut-ĂȘtre d’une falaise de DrĂŽne. Sur leur face plane, certains blocs finement feuilletĂ©s sont parsemĂ©s de « boutons » en relief, de forme arrondie ou ovale, qu’on reconnait comme des cailloux de quartz un peu dĂ©formĂ©s. D’autres blocs montrent en coupe leur texture conglomĂ©ratique.

02. Vers le col Fenetre de Ferret apparait l'alternance de bandes blanches (quartzites, anciennes plages sableuses) et noires (schistes graphiteux, anciens marécages carbonifÚres).

02. Vers le col Fenetre de Ferret apparait l’alternance de bandes blanches (quartzites, anciennes plages sableuses) et noires (schistes graphiteux, anciens marĂ©cages carbonifĂšres).

Cette vivacitĂ© d’une roche dĂ©jĂ  polychrome au dĂ©part permet au randonneur de se faire une vision d’ensemble du terroir sur lequel il marche. D’est en ouest, l’arĂȘte devant nous montre Ă  droite le socle continental, avec des gneiss/micaschistes aux jolis rubans blancs de quartz provenant vraisemblablement du « ventre » de la chaĂźne hercynienne, active au PalĂ©ozoĂŻque avant les Alpes ; de nombreux blocs gisent dans les prĂ©s au dĂ©but de notre randonnĂ©e. Ensuite quelques blocs Ă©boulĂ©s nous dĂ©voilent comment ces montagnes ont Ă©tĂ© dĂ©molies par l’érosion et accumulĂ©es dans les bassins en bas de la chaĂźne : ce sont nos conglomĂ©rats dĂ©formĂ©s.

Enfin, Ă  notre gauche (ouest) affleure l’ancienne couverture sĂ©dimentaire : des lambeaux de la grande plaine permo-triasique succĂ©dĂ©e Ă  la chaĂźne hercynienne, avec des argilites charbonneuses (noires) et des quartzites tabulaires (blanches) provenant des marĂ©cages et des lagunes de la PangĂ©e.

03. Contact entre les schistes graphiteux et les calcaires dolomitiques qui donnent la substance réductrice au fourneau de fusion de l'hématite.

03. Contact entre les schistes graphiteux et les calcaires dolomitiques.

Des traces de l’antiquitĂ© ?

Plus haut, en contrebas de la crĂȘte, un sillon s’allonge Ă  mi-cĂŽte, un peu inclinĂ©, un peu en porte-Ă -faux sur la pente, partiellement recouvert par le glissement du talus supĂ©rieur. On dirait une Ɠuvre de dĂ©fense. Si par contre il s’agit d’un processus naturel, il est difficile d’en Ă©tablir le dĂ©roulement.

Une sĂ©rie de fonds de cabane est visible plus haut dans l’ensellement mĂȘme du col. Leurs caractĂ©ristiques font penser Ă  des constructions trĂšs anciennes, mais la localisation sur un col de passage (et plus rĂ©cemment de frontiĂšre) impose beaucoup de prudence.

04. Des fonds de cabane au Col de la Fenetre d'en Haut.

04. Des fonds de cabane au Col de la Fenetre d’en Haut.

Des fouilles avec prĂ©lĂšvement de bois ou de charbons pourraient prĂ©ciser l’époque de frĂ©quentation et Ă©ventuellement la destination de ces Ă©difices.

Des travaux industriels anciens insoupçonnables à cette altitude

En montant du col Ă  la TĂȘte de Fonteinte, une mine d’hĂ©matite (oxyde de fer anhydre) apparaĂźt vers la droite (du cĂŽtĂ© valaisan), sur les rochers de la cĂŽte nord-est, avec ses dĂ©blais couleur rouille. De la sidĂ©rite a aussi Ă©tĂ© signalĂ©e par les auteurs suisses.

5.

05. Localisation de certains objets Ă©tudiĂ©s aux alentours de la Tete de Fonteinte. D’aprĂšs Ansermet & Meisser cit.

Cette mine fĂ»t dĂ©jĂ  illustrĂ©e par l’abbĂ© Murith Ă  H. B. De Saussure en 1786. Elle est aussi cartographiĂ©e dans l’Atlas gĂ©ologique suisse.

L’entrĂ©e de la mine est Ă©croulĂ©e, mais des Ă©chantillons brillants, riches en hĂ©matite, sont Ă©talĂ©s devant l’ancienne galĂ©rie.

Un peu plus haut, un rocher minĂ©ralisĂ© est aussi visible : il livre de nombreux cristaux oxydĂ©s de pyrite, il prĂ©sente des traces d’exploration mais il semble n’avoir jamais Ă©tĂ© exploitĂ©.

06. Minéralisation à pyrite non exploitée.

06. Minéralisation à pyrite non exploitée.

À l’extrĂ©mitĂ© sud du replat sommital, Ă  la grande surprise de tout visiteur averti, se trouvent les restes d’un fourneau Ă  base circulaire, les murs en pierre sĂšche encore hauts de prĂšs d’un mĂštre et demi. Le matĂ©riel de construction est constituĂ© de plaquettes de schiste grĂ©seux, alignĂ©es elles aussi sur une Ă©paisseur d’un mĂštre et demi. Une belle coulĂ©e de scories rougeĂątres habille la base ouest du four, bien visible mĂȘme par Google Earth.

Encore Ă  cĂŽtĂ©, un tas de plaquettes blanches de calcaire dolomitique semble prĂȘt pour l’utilisation comme rĂ©ducteur chimique ; ce calcaire provient d’un petit filon en contrebas.

07. Le fourneau dans son contexte. Pour l'alimentation en anthracite voir l'image 08.

07. Le fourneau dans son contexte. Pour l’alimentation en anthracite voir l’image 08.

Pour complĂ©ter le tableau, le sillon (faille N-S cartographiĂ©e) en travers de la crĂȘte qui abrite le fourneau est pourvu d’un affleurement d’anthracite, apparemment de bonne qualitĂ© comme combustible.

Sur la base de ces donnĂ©es, nous pouvons imaginer la construction d’un bas-fourneau entre le XVIIIe et le XIXe siĂšcle pour la fusion de l’hĂ©matite.

Ce fourneau pouvait etre alimentĂ© par de l’anthracite, combustible non idĂ©al mais utilisĂ© parfois et bien disponible. Par contre ni la pyrite ni apparemment la sidĂ©rite n’ont Ă©tĂ© prises en considĂ©ration.

08. Sur le rebord de la faille s'alignent le four avec ses scories et la mine d'anthracite, sur la gauche.

08. Sur le rebord de la faille s’alignent le four avec ses scories et Ă  gauche la mine d’anthracite.

Pendant la pĂ©riode napolĂ©onienne, l’acheminement des produits du four pouvait se faire des deux cĂŽtĂ©s de la chaĂźne puisque les territoires Ă©taient unifiĂ©s. L’hypothĂšse d’un four Ă  chaux, avancĂ©e par deux des auteurs citĂ©s, nous paraĂźt moins probable du fait de la prĂ©sence de scories, et du faible intĂ©rĂȘt ici d’une production qui pouvait se faire bien plus confortablement Ă  plus basse altitude.

Se méfier des idées reçues

Sur ce replat perchĂ© Ă  2770 m d’altitude nous avons donc la confirmation du savoir-faire des montagnards qui exploitent plusieurs ressources Ă  la fois pour pallier aux contraintes d’un environnement sĂ©vĂšre. Si notre analyse est correcte, Ă  partir de trois substances naturelles (hĂ©matite, calcite, anthracite), chacune en soi difficile Ă  utiliser Ă  cette altitude, ils ont pu obtenir par combinaison un produit Ă©conomiquement valable.

09. Le fourneau avec ses plaquettes de calcaire blanc, ses scories rouges et le mur le mieux conservé. En arriÚre plan le filon de calcaire.

09. Le fourneau avec ses plaquettes de calcaire blanc, ses scories rouges et le mur le mieux conservé. En arriÚre plan le filon de calcaire.

D’ailleurs, cette concentration en un petit espace de plusieurs ressources minĂ©rales ne se vĂ©rifie gĂ©nĂ©ralement qu’en montagne. Nous avons ainsi un indice ultĂ©rieur que dans son histoire la montagne alpine, loin d’ĂȘtre inĂ©luctablement Ă©cartĂ©e du dĂ©veloppement, entreprend des initiatives dynamiques dĂšs qu’elle peut jouir de sa libertĂ© d’action.

Remerciements

Je tiens à remercier le géologue Paolo Castello qui nous a accompagnés sur le site et nous a indiqué les textes déjà publiés à ce sujet.

Bibliographie consultée

Oulianoff N., TrĂŒmpy R. (1958) – Atlas gĂ©ologique de la Suisse 1 : 25000, feuille Grand Saint-Bernard. Office fĂ©dĂ©ral des Eaux et de la GĂ©ologie, Bern

Gouffon Y. (1993) – GĂ©ologie de la nappe du Grand Saint-Bernard entre la Doire BaltĂ©e et la frontiĂšre suisse. MĂ©moires de GĂ©ologie (Lausanne) 12, 147 pages, cartes h. t.

11. Quelques échantillons de l'hématite à l'entrée de l'ancienne mine.

10. Quelques Ă©chantillons de l’hĂ©matite Ă  l’entrĂ©e de l’ancienne mine.

Benedetti S., Curdy Ph. (2008) – Prospections au Col du Grand Saint-Bernard : voies d’accĂšs et passages latĂ©raux. In : Une voie Ă  travers l’Europe, Fort de Bard : 377-390

Ansermet S., Meisser N. (2013) – Le plus haut four Ă  chaux de Suisse (2770 m), et les mines de la TĂȘte de Fonteinte, Val Ferret, Valais. Minaria Helvetica 33 : 29-42


Tag:
abbé Murith, anthracite, bas-fourneau, Col de Fonteinte, Fenetre d'en Haut, fonds de cabane, H. B. de Saussure, hématite, méta-conglomérat, nappe du Grand Saint-Bernard, quartzite, schistes graphiteux, scories, Tete de Fonteinte

Un anno di passeggiate fra le pietre piĂč belle

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